Salut tout le monde !

Dire que ce Super Mario Bros. le film était le long métrage le plus attendu de ce début d’année 2023 serait un doux euphémisme ! En tout cas si on ne regarde que la sphère dite des « gamers », il est indéniable que cette adaptation se faisait désirer. Avec parfois autant d’envie que d’appréhension d’ailleurs…

Il faut dire que la dernière tentative datant des années 90, avec Bob Hoskins dans le rôle principal, avait laissé un bien triste souvenir. Même si cela n’a pas empêché les fans de se précipiter sur la ressortie en blu-ray de ce pur navet !

Le plombier italien a vite reçu la réputation d’être tout simplement inadaptable au cinéma. Son univers, son semblant de scénario ou tout simplement ses personnages ne colleraient tout simplement pas aux codes du septième art. Mario est trop jeu vidéo pour pouvoir être autre chose que ça, nous disait déjà en substance Karim Debbache il y a 10 ans.

Alors forcément, quand Nintendo, Universal et le studio d’animation Illumination Entertainement (Moi, Moche et Méchant, Tous en scène…) ont annoncé travailler ensemble sur une nouvelle version cinématographique des aventures du plombier, le doute était permis. Heureusement, les différents trailers et autres bandes-annonces sont rapidement venus rassurer les fans les plus pessimistes.

Et maintenant que tout ça est officiellement sorti dans les salles de France et de Navarre, il est temps pour moi de le juger sur pièce ! Je rappelle cependant, comme il faut toujours le faire, que ceci est mon opinion est qu’elle n’a pas plus valeur de vérité que la votre.

 

Qu’en pense le Royaume Champignon ?

Si on observe les réactions depuis notre bulle algorithmique, un rapide constat s'impose : Tout d’abord, les fans de Mario et plus largement de jeux vidéo ont adoré ! Il n’est pas rare de voir certains et certaines parler du meilleur film d’Illumination voir carrément… de chef-d’œuvre ! Oui, oui, rien que ça !

En revanche, du côté des critiques ciné, le film ne convainc pas grand monde. Vous avez très certainement vu passer ce tweet de Simon Riaux qui, avec son verbe bien à lui, accuse à demi-mot la communauté des joueurs de se laisser infantiliser et manipuler par un film sans aucune réelle ambition cinématographique. Autant dire qu’il s’est un peu mis les joueurs à dos mais la formulation a sans doute été pensée pour...

Au milieu de ce chaos propre aux internets, difficile de faire entendre une voix plus modérée. Je vais pourtant tenter, avec tout mon courage, d’apporter un avis plus nuancé !

 

Une histoire qui tient sur 3 pixels

Au globale, je ne dirais pas que j’ai passé un mauvais moment devant Super Mario Bros. le film. Pour tout dire, j’ai trouvé ça plutôt divertissant, même si ça n’a rien d’exceptionnel. À titre personnel, je trouve qu’on est cependant trèèèèèèès loin d’être face à un chef-d’œuvre ou même devant le meilleur film du studio Illumination.

Chacun sera juge mais pour avoir revu Moi, Moche et Méchant peu après ma séance, il est quand même bien, bien au dessus.

Si on aura toutes et tous un avis différent sur la qualité des jeux Mario, on sera en revanche tous d’accord pour dire qu’il n’y a jamais eu aucune véritable intrigue. Bowser qui kidnappe la princesse Peach c’est tout juste bon à créer un contexte pour motiver Mario, mais rien de plus. Ce qui n’est en rien un défaut puisque la force des Mario n’a jamais été là-dedans, mais bien dans le gameplay.

Illumination partait donc quasiment d’une feuille blanche et on peut franchement les féliciter d’être parvenus à extirper un scénario de l’univers si abstrait du plombier moustachu ! Seulement un scénario c’est bien, c’est la base de la dramaturgie, mais en revanche ça ne fait pas une histoire ! Et c’est un des premiers points noirs du film.

Sans vous spoiler l’intrigue – en fait en l’écrivant je me demande bien ce que je pourrais vous spoiler de toute façon – ce semblant d’histoire manque d’un liant véritablement pertinent. On reste presque sur le « scénario » de base des jeux, dans lequel un personnage se retrouve prisonnier du méchant Bowser et doit être libéré par Mario. La petite touche d’originalité provient ici du fait que ce personnage n’est pas forcément celui qu’on croit (même si ce changement n’apporte fondamentalement pas grand-chose) et que Mario n’est ici pas originaire du Royaume Champignon mais de Brooklyn.

S’ensuit une succession de péripéties qui manquent un peu d’enjeu, sur fond de musique des années 80 qui, si elles font sourire sur le coup, n’ont pas grand-chose à faire ici. Mais on reviendra un peu plus tard sur la musique.

L’histoire est à peine sauvée par les personnages qui, bien que drôles, sont rarement plus que cela. Aucun n’est touchant ou particulièrement bien travaillé pour en devenir un tant soit peu attachant, au-delà de l’idée que notre expérience et/ou notre nostalgie des jeux se fait d’eux.

Peach et au final la seule qui sorte un peu du lot, dans le sens où le personnage bénéficie ici d’un traitement plutôt inhabituelle. De ses origines de princesse fonction un peu plate on passe ici à une souveraine sûre d’elle, déterminée et assez redoutable ! C’est elle qui, par exemple, initie Mario à son monde mais également aux techniques de plateforme.

Ce qui fait aussi qu’on se demande souvent en quoi la princesse a vraiment besoin du plombier pour sauver son royaume tant elle semble se débrouiller très bien par elle-même… Un petit souci d’équilibrage, comme on dit dans le JV, qui mène à un climax finalement très convenu et sans surprise. Si ce n’est de savoir en quoi Mario a été finalement si indispensable...

 

Gerbotron 64

Bon ça c’est pour le fond mais pour ce qui est de la forme, je dois dire que je n’ai pas spécialement été conquis non plus. Qu’on soit bien d’accord, le film est vraiment très beau ! Le re-design des personnages pour ce nouveau medium est à la fois fidèle tout en étant unique. Et rien que ça c’est une sacrée prouesse.

Les décors aussi ont ce petit quelque chose de familier, tout en offrant un point de vue nouveau sur cet univers. Juste splendide !

Mais le problème global de Super Mario Bros le film, c’est sa mise en scène. Comme beaucoup trop de films d’animation de ses dernières années, Illumination à fait l’erreur de tout penser pour la 3D ! Ah ! La superbe et sacro-sainte 3D, qui transcende l’expérience en salle ! Et le tout pour un tout petit riquiqui supplémentent de rien du tout de 2€ ! Qui pourrait s'en passer ?

Bon vous l’aurez compris, je déteste cette fausse bonne idée qu’est la 3D au cinéma qui, sur moi, n’a jamais fonctionnée ! La seule chose que ça ne m’ait jamais apporté, c’est des douleurs aux yeux. Merci James Cameron ! Mais tant que tout ça ne reste que de l'ordre de l’artifice, à la limite pourquoi pas. Le problème c’est quand ça vient parasiter la mise en scène !

Même en ayant vu Super Mario Bros. le film en 2D (oui, je ne suis pas maso), j’ai bien compris qu’on cherchait à m’en mettre plein la vue en faisant passer le plus d’éléments possible à 2 cm de l’objectif. Ou alors avec les fameux « plans space montain » qui emmènent la caméra un peu partout dans le décor.

Le problème que j’ai avec ça c’est qu’on ne pense plus dès lors les plans en terme de sens, ou ne serait-ce qu’en terme d’esthétique, mais seulement pour leur capacité à faire faire des « Whoaou ! » aux spectateurs ! Ce qui donne au final une mise en scène parfois insipide quand elle ne devient pas juste brouillonne. Le film se permet même parfois de carrément ralentir un plan pour qu’on puisse bien voir que Mario est en relief ! On ralentit donc volontairement le rythme du film, juste pour qu’on ait le temps de faire « whoa j’ai l’impression que je pourrais le toucher ! ».

Un sacrifice globalement inutile et un joli gâchis artistique si vous voulez mon avis. Alors, Super Mario Bros. le film n’est pas le premier ni le seul à faire ça et j’avoue que là, il prend un peu pour tous les autres. Mais c’est pas ma faute, ça m’énerve depuis un moment.

 

Tu l’as vu mon Yoshi ?! Hein ? Tu l'as vu ??!

D’aucun me diront à ce stade qu’il ne s’agit jamais que d’un dessin animé pour enfants et qu’on ne lui demande pas d’avoir la profondeur des personnages du Parrain ou la mise en scène de Citizen Kane. À ça je dirais oui… et non !

Déjà on le sait depuis longtemps, ce n’est pas parce que ça se destine aux enfants que ça doit être plat et simpliste. Si certains thèmes de cinéma n’ont effectivement rien à faire dans un film qui leur est destiné, il n’y a en revanche aucune raison de croire qu’ils sont incapables d’apprécier des personnages bien écrits ou un montage pertinent.

Mais plus encore que cette évidence que je viens de balancer devant vos yeux, est-on sûr que ce Super Mario Bros le Film s’adressent bien aux enfants ? À fortiori aux enfants non-fans de Mario ?

Parce que si vous l’avez vu, vous avez sans doute senti dans la salle tous ces coups de coude plus ou moins appuyés que vous a envoyés le film pendant 1h30. Ça passe par exemple par les bruitages (le son du démarrage de la GameCube) ou plus largement par la musique qui réinterprète, mélange ou reprend des thèmes connus de la série. Parfois un peu jusqu’à l’écœurement je trouve, notamment la mélodie du premier niveau de Super Mario Bros. sur NES qui, en quittant la salle, me sortait un peu par les oreilles.

Mais c’est surtout visuellement que le film nous assomme de références aux jeux, voir à Nintendo dans son ensemble ! Et autant je n’ai rien contre une apparition furtive dans le fin fond du décor du personnage des Game & Watch, autant j’ai du mal avec Mario qui joue à Kid Icarus tranquillou sur sa NES.

Le problème c’est qu’ici, on dépasse le stade du petit clin d’œil discret en nous mettant une ref sans subtilité, en plein cadre, qui créé inutilement une incohérence. On me reprochera peut-être d’être trop rationnel, d’avoir perdu mon âme d’enfant, mais quand je vois Mario jouer sur du matériel Nintendo, mon cerveau ne peut pas s’empêcher de se demander quel univers on est en train de lui montrer exactement.

Parce que, qui dit Kid Icarus dit NES.

OK.

Mais qui dit NES dit Nintendo !

Et qui dit Nintendo dit forcément Mario !

 

Ou alors quoi, on est dans un monde où la NES existe mais sans Super Mario Bros. ?! Le personnage n’existe pas alors ? Donc son prototype baptisé Jumpman sur la born d’arcade Donkey Kong non plus ? Ah non désolé, elle aussi elle existe ! Elle est là derrière ! Mais what ?!

Alors au final on s’en fout un peu, c’est discret et on oublie vite. Mais quand même !

Il n’en reste pas moins que le film mise énormément sur la curiosité du spectateur à s’amuser à chercher un peu partout les références. Sauf qu’un film ce n’est pas qu’une partie géante de Où est Charlie ?. Si tout ça avait été en supplément d’une histoire (encore une fois) un poil plus intéressante je n’aurais rien dit. Mais je vais avoir du mal à m’extasier sur la capacité d’Illumination à faire des refs rigolotes à Mario quand c’est presque tout ce que leur dernière production a vraiment à proposer.

Et j’en reviens donc au fait que le film semble surtout chercher, à travers cette petite ruse pas très noble, à séduire les joueurs les plus vieux plutôt que le grand public ou les enfants ; qu’ils soient joueurs ou non. Alors est-ce que l'intention est bonne ou mauvaise, à chacun de juger finalement.

 

Je me suis bien Mario quand même ! Roh !

Mais bon, est-ce que tout ça gâche le plaisir de visionnage dans le fond ? Et bien en soi non, pas vraiment puisque le film a un argument de poids pour lui : Il est drôle ! Il est vraiment drôle ! Les gags marchent bien et même les références contre lesquelles j’ai pesté un peu plus tôt font sincèrement sourire. Rien qu’en ça, on ne peut pas accuser Super Mario Bros. le film d’être raté. C’est un petit bonbon destiné avant tout aux fans, qui semblent de plus largement y trouver leur compte.

Mais c’est là sa force tout autant que sa faiblesse puisqu’à trop chercher à être le produit dérivé ultime, Mario Bros, le film ne parvient pas à être plus que ça. En tant qu’œuvre cinématographique il ne laissera sans doute pas grand-chose, si ce n’est un joli record au box office.

Quant à savoir si le film est une pub d’une heure et demie sur grand écran pour les jeux Mario et Nintendo, je dirais que ce n’est pas forcément un défaut mais… que c’est aussi un peu vrai quand même.

Sur ce je vous fais des bisous ! À la prochaine ! ;)